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PFAS dans les aquifères le long de la Pedemontana Veneta : 12 étudiés pour pollution

Dans la maxi-enquête du parquet de Vicence, deux scandales symboliques de la Vénétie se croisent : l'autoroute à 12 milliards d'euros et les « poisons éternels » du PFAS

Deux des événements les plus controversés en Vénétie – la construction de la Pedemontana Veneta et la pollution PFAS – se réunissent aujourd'hui dans une seule enquête.

Le Parquet de Vicence a clôturé les enquêtes préliminaires contre 12 personnes, accusées à divers titres de pollution environnementale et de défaut de nettoyage.

Pfas en Vénétie : avec un délai de 10 ans, une étude évaluera les effets des polluants éternels sur les citoyens (mais dans une zone limitée)

Selon l'accusation, lors de la construction de deux tunnels de l'autoroute à péage qui relie les provinces de Vicence et Trévise, on a utilisé un accélérateur pour béton contenant de l'acide perfluorobutanoïque (PFBA), une substance appartenant à la même famille que les PFAS, connus sous le nom de « polluants éternels » en raison de leur capacité à persister dans l'environnement et à s'accumuler dans les organismes.

Les eaux usées du chantier se seraient alors déversées dans le ruisseau Poscola, contaminant une partie des eaux superficielles et souterraines entre Castelgomberto, Malo, Montecchio Maggiore, Isola Vicentina et Costabissara.

Qu'est-ce que la Pedemontana Veneta

L'autoroute Pedemontana Veneta est une infrastructure d'environ 96 kilomètres de long, créée pour relier Montecchio Maggiore (Vicence) à Spresiano (Trévise), en facilitant la circulation dans les contreforts et sur l'autoroute A4.

Mais c'est aussi le cœur d'un gigantesque scandale politico-financier : le projet, qui coûtait initialement 2,5 milliards d'euros, est arrivé avec le système de financement de projets pour un coût total estimé à 12 milliards. Un mécanisme qui fait peser la charge économique sur les péages payés par les automobilistes, mais qui, en cas de recettes insuffisantes, prévoit l'intervention de la Région Vénétie, déjà engagée depuis 2024 dans le paiement des redevances au concessionnaire SIS, un consortium piémontais attribuable à la famille Dogliani.

Ciment et PFAS : ce qui ressort des enquêtes

L'enquête a porté sur la période comprise entre juin 2021 et janvier 2024. Les analyses des carabiniers de l'unité de police judiciaire de Vicence ont révélé que l'additif « Mapequick AF 1000», contenant du PFBA, dans des concentrations supérieures aux limites fixées par l'avis de l'Istituto Superiore di Sanità (n. 24565/2015).

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une substance interdite, son utilisation en quantités excessives peut présenter des risques élevés pour l’environnement et la santé. Les enquêteurs estiment que cela a entraîné une « contamination importante des eaux de surface et souterraines » dans les zones environnantes.

Les suspects – parmi lesquels des dirigeants du Consortium SIS, des représentants de la Società Pedemontana Veneta SpA et des responsables techniques des chantiers de construction – sont également accusés de n'avoir pas procédé au nettoyage et à la restauration des sites, malgré la pleine conscience de la pollution en cours.

Les galeries accusées et le rôle des contrôles publics

Les projecteurs de la justice se tournent vers deux tunnels : celui de Malo, entre Castelgomberto et Malo, et celui de Sant'Urbano, sur le territoire de Montecchio Maggiore. Déjà objet d'enquêtes par le passé pour utilisation de matériaux non conformes aux certifications européennes, les œuvres avaient été saisies, ralentissant les travaux pendant des mois. C’est précisément de ces contrôles qu’est née l’utilisation de l’additif contenant du PFAS.

Les investigations bénéficient du soutien de l'ARPAV de Vicence, qui a fourni des analyses et des retours scientifiques sur les niveaux de contamination. Les enquêteurs s'efforcent désormais de déterminer qui a autorisé l'utilisation de ces substances, quels contrôles publics ont été omis et quelles responsabilités de gestion incombent aux dirigeants des entreprises impliquées.

Une nouvelle blessure environnementale pour la Vénétie

L'épisode n'a pas de lien direct avec la catastrophe provoquée par les Miteni di Trissino, qui ont contaminé les aquifères de Vicence, Padoue et Vérone, mais les substances impliquées appartiennent à la même famille chimique dangereuse. Une fois de plus, la Vénétie se retrouve donc confrontée au poids de choix industriels et infrastructurels qui laissent en héritage un environnement blessé et une confiance publique ébranlée.

Les enquêtes ne sont pas terminées. Mais une certitude demeure : entre achats, finances et chimie, la Pedemontana Veneta risque de devenir le symbole de la façon dont le prix du « progrès » peut à nouveau retomber sur la santé du territoire et des citoyens.

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