Une queue de dinosaure découverte emprisonnée dans l'ambre depuis 99 millions d'années (avec du sang et des plumes encore présents)
Dans le nord du Myanmar, un morceau d'ambre a révélé une queue de dinosaure non aviaire : des plumes brunes et blanches, des vertèbres articulées et des traces de sang restées intactes pendant 99 millions d'années.
Dans un marché de l'ambre du nord du Myanmar, parmi les étals et les pierres destinées aux bijoux, un petit fragment de résine est devenu le protagoniste de l'une des découvertes les plus extraordinaires des dernières décennies dans le domaine de la paléontologie. Ce qui, à première vue, semblait n'être qu'une pierre décorative contenait en réalité la queue emplumée d'un jeune dinosaure, piégé et fossilisé dans l'ambre depuis 99 millions d'années.
Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par la paléontologue Lida Xing, a décrit cette découverte unique dans une étude publiée en 2016 dans la revue Biologie actuelle. Le fossile — identifié sous le code DIP-V-15103 — est un véritable trésor pour la science : il contient huit vertèbres articulées, des tissus mous carbonisés et des plumes tridimensionnelles, parfaitement visibles et préservées.
Ce n'est pas un oiseau ancien : c'est un jeune coelurosaure
Les chercheurs ont confirmé qu’il ne s’agit pas d’un oiseau primitif, mais d’un dinosaure non aviaire, appartenant au groupe des Coelurosaures, étroitement apparenté aux oiseaux modernes. Les vertèbres caudales étaient encore mobiles et non fusionnées, signe que le spécimen était jeune. La queue était couverte de plumes brunes et blanches, soigneusement réparties sur toute sa longueur.
Les plumes, observées au microscope et reconstituées en 3D, présentent une structure complexe et ramifiée, avec de fins rachis, des barbes et des barbules bien développées. Ils n'étaient pas conçus pour voler, mais servaient probablement à retenir la chaleur ou à communiquer visuellement, par exemple lors des parades nuptiales ou à se fondre dans l'environnement.
Traces de sang et tissus conservés
L’un des aspects les plus surprenants concerne la présence de tissus mous, visibles sous forme de pellicules carbonisées autour des os. Les analyses chimiques réalisées par rayonnement X synchrotron et par μCT ont révélé la présence de fer ferreux (Fe²⁺), le même type de fer contenu dans l'hémoglobine.
Cela suggère que des parties du sang d'origine pourraient être restées piégées dans la résine, ainsi que des muscles, des ligaments et de la peau partiellement préservés. En pratique, une capsule temporelle naturelle, qui bloque un moment précis de l'histoire évolutive de notre planète depuis des millions d'années.
L'ambre est surtout connu pour préserver les insectes et les petits fragments de plantes. Mais dans des cas exceptionnels, comme celui-ci, il peut également protéger des vertébrés complexes, offrant un niveau de détail impossible à obtenir dans les fossiles rocheux courants.
Cette découverte montre clairement que des plumes étaient également présentes chez les dinosaures incapables de voler, et que leur fonction initiale n'était pas liée au vol. L'étude soutient l'hypothèse évolutive selon laquelle les plumes se sont d'abord développées pour l'isolation thermique ou la communication, et ne se sont adaptées que plus tard au vol chez les oiseaux.
Grâce à la structure tridimensionnelle des plumes conservées dans l'ambre, il a également été possible d'analyser la disposition des follicules et la manière dont les plumes s'inséraient dans la peau. Un détail qui ne peut tout simplement pas être vu dans les fossiles broyés.
Source : Biologie actuelle
