Naissance de Life PolliNetwork, la coalition italienne qui veut sauver les insectes pollinisateurs
Plus de 40 % des pollinisateurs sont en danger. Avec Life PolliNetwork, l'Italie lance un réseau national pour inverser le déclin des abeilles, des papillons et des syrphes, impliquant les infrastructures, les universités, les agriculteurs et les citoyens
Les abeilles, les papillons et les syrphes ne sont pas que des symboles du printemps : sans eux, trois récoltes sur quatre disparaîtraient de nos assiettes. Mais leur avenir ne tient qu’à un fil. En Europe, près de la moitié des populations d’insectes pollinisateurs sont en déclin et un tiers sont déjà considérées comme menacées. Les abeilles sauvages ont diminué de 56 % en dix ans, tandis que les papillons européens menacés d'extinction sont passés de 9 % à 15 % en seulement quinze ans.


Pour contrer cette urgence est né Life PolliNetwork, le projet national le plus ambitieux dédié à la protection des pollinisateurs, cofinancé par l'Union européenne avec le soutien du ministère de l'Environnement et de la Sécurité énergétique (MASE) et de la Fondation Cariplo. Coordonné par le WWF Italie, le programme rassemble des universités, des organismes publics, des entreprises agricoles et des gestionnaires d'infrastructures dans une seule coalition pour inverser la tendance à la perte de biodiversité.
L'objectif est de transformer les routes, les voies ferrées et les centrales électriques en « Buzz Lines », des corridors écologiques où les pollinisateurs peuvent se nourrir, se reproduire et se déplacer en toute sécurité d'une zone à l'autre. D’ici 2030, 88 hectares d’habitat seront restaurés dans 11 régions italiennes, des Alpes à la Sicile, créant ainsi un réseau continu d’espaces favorables à la vie des insectes.
Les partenaires du projet comprennent Anas, Rete Ferroviaria Italiana, Terna, Copagri et les universités de Turin, Bologne et Pise, ainsi que l'ISPRA et TeamDev Ecosystem, qui développeront des outils numériques pour planifier les interventions. Les espaces concernés – bords de routes, oasis du WWF, fermes – deviendront de véritables laboratoires de biodiversité.
Mais Life PolliNetwork ne se limitera pas aux habitats. Un vaste plan de formation et de participation du public est prévu : 5 000 enseignants et étudiants impliqués, des ateliers pour les techniciens et les agriculteurs, et des activités de science citoyenne pour surveiller l'espèce et sensibiliser au moins 100 000 citoyens. Des « Bio-blitz » seront également organisés, des journées ouvertes à tous pour observer et recenser la faune pollinisatrice.
Le projet vise à atteindre une augmentation de 10 à 30 % des populations de pollinisateurs surveillées sur une durée de cinq ans, mais surtout à construire un modèle pouvant être répliqué dans toute l'Europe. L'Italie, qui héberge l'une des communautés de pollinisateurs les plus riches du continent, devient ainsi un laboratoire clé pour la stratégie nationale pour la biodiversité et pour la mise en œuvre du règlement européen sur la restauration de la nature.
Derrière les chiffres et les acronymes se cache un message clair : protéger les pollinisateurs, c’est se protéger soi-même. Sans eux, il n’y aurait pas de fruits, de légumes ni la plupart des produits qui remplissent nos tables. Life PolliNetwork représente donc un pari collectif – scientifique, politique et culturel – pour redonner de l'espace et un avenir aux insectes qui font vivre les écosystèmes.
Avec un réseau qui longe les routes, les pistes et les champs cultivés, l'Italie tente de tisser une nouvelle alliance avec la nature. Et si tout se passe comme prévu, le bourdonnement des pollinisateurs pourrait redevenir le son le plus prometteur de notre paysage d’ici 2030.
Source : WWF
