La renaissance du cerf légendaire du Père David : autrefois éteint, on en compte aujourd'hui plus de 8 000 spécimens
D'une espèce disparue dans la nature à un symbole de renaissance environnementale : le cerf du père David revient à la vie avec plus de 8 000 spécimens dans les réserves chinoises, grâce à un projet de conservation unique
Dans les marais côtiers de l'est de la Chine, un animal au charme bizarre est revenu peupler les étendues vertes : le cerf Père David (également connu sous le nom de cerf Milu). Décrit dans les textes anciens comme une créature dotée de bois de cerf, de pattes de bœuf, d'une tête de cheval et d'une queue d'âne, il s'agit d'une véritable anomalie zoologique. Pendant des siècles, le cerf Milu (Elaphurus davidianus) était vénéré et chassé jusqu'à sa disparition totale à l'état sauvage il y a environ 125 ans.
Son salut est venu d'un endroit inattendu : l'Angleterre. Le noble Herbrand Russell, 11e duc de Bedford, réussit à rassembler quelques spécimens restant dans les zoos européens et à les élever sur son domaine de l'abbaye de Woburn, créant ainsi une colonie qui allait changer le sort de l'espèce.


Le retour à la maison après un siècle
En 1985, le descendant du duc, Robin Russell, a décidé de faire don de 39 cerfs du père David au gouvernement chinois pour un ambitieux programme de réintroduction. Ce qui était autrefois les réserves de chasse des empereurs, comme le parc Nanhaizi de Pékin, est devenu des refuges protégés pour accueillir les animaux. Un deuxième groupe de 36 cerfs est arrivé l'année suivante en provenance de cinq zoos britanniques.
Depuis, le miracle s'est accompli : de moins d'une centaine d'individus, il est passé à plus de 8 200 spécimens, avec un taux de croissance de 17 % par an. Malgré l'origine d'un petit nombre d'animaux, la population présente une bonne diversité génétique, signe d'une adaptation surprenante.
Un symbole de renaissance écologique et culturelle
Aujourd'hui, les cerfs du Père David vivent en liberté dans les réserves de Dafeng et de Tianezhou, où des dizaines de kilomètres carrés sont protégés comme sanctuaires naturels. Les biologistes chinois préparent un nouveau défi : remettre l'animal dans la nature, où il devra réapprendre à composer avec les prédateurs et le climat.
En Chine, il est connu comme l'animal des « quatre douleurs », un nom qui rappelle une légende millénaire dans laquelle un cheval, un âne, un bœuf et un cerf s'unirent pour combattre un tyran, fusionnant force, rapidité et sagesse. Aujourd'hui, l'histoire du cerf du Père David n'est plus un mythe : elle est la preuve vivante que même ce qui semble perdu peut renaître.
Source : Réserve naturelle nationale des élans de Jiangsu Dafeng
