L'Amazonie étouffe dans la fumée de l'industrie de la viande : « l'air est plus toxique qu'à Pékin »
Les habitants du cœur de la forêt amazonienne respirent un air contaminé par des niveaux de particules toxiques supérieurs à ceux enregistrés dans les grandes villes comme Sao Paulo, Pékin ou Londres. Une étude choquante indique que la cause principale est une agro-industrie de plus en plus brutale.
L’Amazonie, poumon vert de la planète, est littéralement étouffante. Selon la nouvelle étude de Greenpeace Internationale, « Un ciel toxique : comment l’agro-industrie étouffe l’Amazonie »ceux qui vivent au cœur de la forêt respirent un air plus pollué que celui des mégapoles comme Pékin, Sao Paulo ou Londres.
Des niveaux de particules (PM2,5) jusqu'à 20 fois supérieurs aux limites recommandées par l'OMS transforment l'une des zones les plus précieuses du monde en une chambre à gaz à ciel ouvert.
Les causes, rapporte Greenpeace, sont tout sauf naturelles : les incendies sont intentionnellement allumés pour libérer de nouvelles terres pour le pâturage du bétail et les cultures fourragères. C’est l’autre facette de l’agro-industrie qui, derrière la production de viande, cache une longue traînée de forêts brûlées, d’air irrespirable et de vies compromises.


Le rapport
Dans les villes de Porto Velho (Rondonia) e Labrée (Amazonas), les concentrations quotidiennes de particules fines dépassaient de 20 fois les limites de sécurité. Même dans les périodes de « calme » apparent, les particules restent jusqu'à six fois supérieures aux seuils de l'OMS. Le résultat ? L'Amazonie, censée purifier l'air de la planète, est aujourd'hui l'une des régions les plus polluées de la planète.


L’Amazonie joue un rôle fondamental dans la vie de la planète, mais elle étouffe aujourd’hui dans la fumée des incendies déclenchés par l’industrie de la viande. Ces incendies ne sont pas des événements naturels, mais sont destinés à céder la place à des pâturages ou à des plantations pour l'alimentation animale, mettant en danger la santé et la vie des personnes, des villes aux communautés indigènes – déclare Martina Borghi, campagne forestière de Greenpeace Italie.
Des enfants dans des lits d’hôpitaux, des personnes âgées qui ont du mal à respirer et des forêts qui brûlent pour alimenter le commerce mondial de la viande : tel est le véritable coût de l’agriculture industrielle. Lors de la COP30, les lobbyistes diront que leur industrie fait partie de la solution. Les gouvernements doivent cependant aller au-delà du greenwashing en tenant l’industrie directement responsable.
Une Italie de forêts brûlées autour des fermes
Le rapport souligne que presque tous les incendies en Amazonie brésilienne sont concentrés dans les zones soumises à l'exploitation agricole. Les données satellitaires collectées entre 2019 et 2024 montrent que plus de 30 millions d'hectares, soit une superficie équivalente à celle de l'Italie, ont été brûlés dans un rayon de 360 km autour des usines de JBS, la plus grande entreprise de viande au monde.


Cela met en évidence le risque élevé d'exposition à l'utilisation intentionnelle du feu par les fournisseurs, tant dans les chaînes d'approvisionnement directes qu'indirectes, auxquels sont confrontés les entreprises de viande telles que JBS, qui n'ont pas de politique explicite pour interdire cette pratique.
Bref, nombre de ces incendies sont liés directement ou indirectement aux fournisseurs du secteur de la viande, qui interdisent souvent l'usage du feu.
Les enfants et les personnes âgées sont les premières victimes
Les conséquences sont visibles dans les hôpitaux. À Porto Velho, pendant la saison des incendies, les hospitalisations pour problèmes respiratoires augmentent considérablement, notamment chez les enfants et les personnes âgées.
Les analyses citées par Greenpeace estiment à des dizaines de milliers d'hospitalisations et de décès prématurés au cours de la dernière décennie dus à la pollution par la fumée.
Selon les experts, le respect des normes de qualité de l’air de l’OMS pourrait prolonger jusqu’à 2,9 ans la vie des personnes vivant dans les États les plus touchés – Rondônia et Amazonas.
A la COP30 de Belém, la demande d'un véritable plan pour les forêts
Greenpeace appelle les gouvernements réunis lors de la prochaine COP30 au Brésil à adopter un plan d'action mondial pour mettre fin à la déforestation d'ici 2030, conformément aux objectifs de l'ONU. L’organisation appelle également les institutions et les investisseurs à mettre fin à toutes relations avec les producteurs de viande et d’aliments pour animaux qui alimentent la destruction des forêts, et à soutenir plutôt des systèmes alimentaires justes, durables et transparents.
L'Amazonie n'est pas qu'une forêt. C'est un souffle collectif, un poumon qui maintient la planète en vie. Arrêter l’agro-industrie n’est pas seulement un choix environnemental, mais une question de justice et de survie.
ICI vous pouvez trouver le rapport en italien.
