TotalEnergies condamné pour greenwashing : « Publicité trompeuse sur la neutralité climatique »
Le 23 octobre, un tribunal de Paris a condamné TotalEnergies pour publicité trompeuse sur la neutralité climatique. C'est la première fois qu'un géant pétrolier est jugé pour greenwashing en France
« Neutre en carbone d’ici 2050 ». Avec ces mots, en 2021, TotalEnergies promettait une transition verte faite de l'éolien, du solaire et des batteries. Dommage que, tout en affichant des paysages épurés et des panneaux rutilants, le groupe continue d'étendre sa production de pétrole et de gaz.
Cette campagne s'est transformée en boomerang judiciaire : le tribunal civil de Paris a condamné le géant français pour publicité trompeuse, reconnaissant que les messages sur la neutralité climatique étaient « susceptibles de modifier le comportement des consommateurs ». Autrement dit, du greenwashing.
C'est la première condamnation en France qui frappe un grand énergéticien pour ce motif. Une victoire symbolique mais lourde pour les trois organisations écologistes qui avaient porté plainte – Greenpeace, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous – et qui dénoncent depuis des années la désinformation environnementale des multinationales du fossile.
Le géant pétrolier et gazier a déclaré vendredi 24 octobre qu'il ne ferait pas appel de cette décision. TotalEnergies devra annuler la campagne, supprimer toute déclaration trompeuse du site et publier le texte de la décision sur sa page d'accueil pendant 180 jours. Pour chaque jour de retard, une amende pouvant aller jusqu'à 20 000 euros sera imposée. Les ONG recevront une indemnisation de 8 mille euros chacune, plus 15 mille euros de frais de justice.
Des figures symboliques, mais à fort impact politique et culturel. « C'est un précédent historique contre la désinformation climatique promue par les géants pétroliers », ont commenté les associations.
En 2021 Total change de nom pour devenir TotalEnergies, se présentant comme un groupe « engagé dans la transition énergétique ». Mais tout en augmentant les investissements dans les énergies renouvelables, le pays a continué à développer l’extraction de pétrole et de gaz. Un équilibre impossible à maintenir, selon les juges parisiens, si l'objectif affiché reste la neutralité carbone d'ici 2050.
Il ne s'agit pas d'un cas isolé. Au Royaume-Uni, en avril dernier, le régulateur de la publicité avait déjà interdit une publicité de TotalEnergies pour « omissions trompeuses ». Des mesures similaires ont également frappé Shell, Repsol, Petronas, et plus récemment KLM et Lufthansa, pour avoir présenté des campagnes « vertes » qui ont fait taire l'impact réel de leurs activités.
La décision française marque un tournant. Pour la première fois, un tribunal reconnaît que l’écoblanchiment peut être traité comme une pratique commerciale trompeuse, et pas seulement comme une question d’éthique ou de communication. Lorsque les images sur papier glacé ne correspondent pas aux faits, la justice – et l’opinion publique – peuvent demander l’addition.
Sources : Le Monde
